Dans certains milieux nord-africains, une croyance persiste : celle des enfants zouhri, supposément dotés de capacités surnaturelles. Désignés comme des êtres « entre deux mondes », liés aux djinns ou porteurs d’une aura mystique, ces enfants sont considérés à tort comme des êtres hors du commun. Pourtant, derrière cette image soi-disant extraordinaire se cache une croyance infondée, aux conséquences dramatiques pour ceux qui en sont victimes.
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ToggleUne superstition sans fondement
Le concept même d’enfant zouhri repose sur des mythes populaires dénués de toute base scientifique ou religieuse. Dans le Coran et la Sounnah, on ne mentionnent pas l’existence d’un tel être. Il ne s’agit là que de spéculations transmises de génération en génération, mêlées à la peur de l’inconnu et à l’ignorance.
Croire qu’un enfant est capable de communiquer avec les esprits, de localiser des trésors cachés ou de porter chance à des rituels ésotériques est non seulement absurde, mais profondément dangereux. Ces idées alimentent une culture de la peur, de la suspicion… et parfois de la cruauté.
Des enfants mis en danger par cette croyance
Être qualifié de zouhri, c’est souvent vivre dans l’inquiétude. Certains enfants sont exclus, stigmatisés, maltraités ou surprotégés à l’extrême. D’autres ont été victimes d’actes atroces, utilisés dans des pratiques occultes prétendument « mystiques ».
Ces faits, bien réels, sont parfois étouffés par la peur ou la honte. Des familles entières ont été manipulées par des individus malintentionnés qui se servent de cette croyance pour dominer, exploiter, ou faire du profit. L’enfant zouhri n’a rien de magique. Il a besoin de protection, d’amour et d’éducation — pas d’étiquettes mystiques.
Une responsabilité collective : dire stop
Il est grand temps de rejeter fermement cette superstition. Elle ne relève ni du patrimoine, ni de la culture, mais d’une forme de dérive mentale et sociale. Laisser prospérer ces idées, c’est mettre des vies en péril.
Les parents, les éducateurs, les imams, les institutions doivent dénoncer clairement cette croyance et sensibiliser les communautés. Aucun enfant ne mérite d’être réduit à une croyance vide de sens. Aucun enfant ne devrait être vu comme un pont vers l’invisible.
Ce que l’Islam enseigne réellement
L’islam rejette toute forme de superstition, de sorcellerie et de croyance infondée. Allah ï·» a honoré l’être humain dans sa globalité, sans en faire une créature mi-humaine mi-surnaturelle. Les enfants sont une amânah (dépôt sacré), et il est du devoir de chaque musulman de les éduquer avec justice, miséricorde et bon sens.
Attribuer à un enfant un pouvoir magique ou une aura étrange, c’est s’éloigner des enseignements purs de l’Islam. C’est substituer la foi par la peur, et la raison par la fiction.
Une éducation nécessaire pour prévenir le danger
La lutte contre la croyance des enfants zouhri commence dès les bancs de l’école et dans le cœur des foyers. Trop d’enfants grandissent dans des environnements où la superstition remplace la science, où la peur l’emporte sur la raison. Il est donc crucial d’intégrer à l’éducation une dimension de sens critique, de connaissance religieuse authentique, mais aussi de sensibilisation aux droits de l’enfant. Les jeunes générations doivent comprendre que chaque enfant, quelle que soit sa singularité, mérite protection, respect et affection. L’éducation, lorsqu’elle est éclairée, devient le meilleur rempart contre les dérives occultes et les abus dissimulés derrière des traditions injustifiables.
Une menace encore trop ignorée par la société
Malgré la gravité du phénomène, les cas d’enfants victimes de cette croyance sont rarement reconnus à leur juste mesure. Dans de nombreuses régions, les souffrances subies sont minimisées, normalisées, voire justifiées par des traditions dépassées. Cette tolérance silencieuse est une forme de complicité. En ne condamnant pas fermement ces pratiques, la société permet à ce fléau de perdurer dans l’ombre. Il devient alors urgent que les institutions — écoles, services sociaux, associations religieuses — prennent position de manière claire et active. Non seulement pour protéger les enfants concernés, mais aussi pour briser une chaîne de transmission nocive qui, sous couvert de croyances, légitime l’abus et la peur.
Conclusion : briser la chaîne du mensonge
La croyance en les enfants zouhri est un fléau social, un poison culturel. Elle ne protège pas, elle n’élève pas — elle détruit. Ces enfants ne sont pas différents, ils sont simplement enfants, et méritent de grandir dans la paix, sans le poids d’une légende inventée.
Brisons le silence. Refusons les discours irrationnels. Défendons les innocents contre l’ignorance. Le combat contre les fausses croyances commence par la vérité : il n’existe aucun enfant zouhri. Seulement des enfants à aimer, à éduquer et à respecter.
Pour éradiquer cette croyance, il faut aussi agir sur le terrain éducatif : informer, dialoguer, expliquer. Les campagnes de sensibilisation doivent être multipliées dans les écoles, les mosquées et les médias. La protection de l’enfance commence par la vérité, et chaque adulte a le devoir de briser l’héritage de l’ignorance, car ce fléau sévit désormais dans le monde entier.